
La grotte de Blombos est une petite grotte qui abrite un site préhistorique proche du Cap des Aiguilles, à environ 300 km à l'est de la ville du Cap en Afrique du Sud. La grotte s'ouvre au pied d'une falaise et a été rendu célèbre par la découverte inattendue de vestiges traduisant des comportements modernes et des préoccupations esthétiques voire symboliques (blocs d'ocre gravés, perles en coquillage, outils en os) dans des niveaux datant de 75 à 80 000 ans BP, soit du Middle Stone Age (MSA), équivalant plus ou moins au Paléolithique moyen européen. Ces découvertes ont profondément modifié la vision actuelle de l'histoire de l'art et de l'évolution culturelle au Paléolithique, qui paraît plus lente et progressive que ce que l'on pensait auparavant.
Séquence stratigraphique
La grotte de Blombos se trouve actuellement à une centaine de mètres de la côte et à 35 m au-dessus du niveau de la mer. Elle s'ouvre dans les dépôts éoliens calcifiés mio/pliocènes de la Formation Wankoe et a été creusée par l'érosion marine. Les dépôts à l'intérieur de la grotte occupent plus de 80 m2. Les niveaux MSA ont été fouillés sur près de 20 m2 et jusqu'à une profondeur d'environ 2 m sous la surface d'origine. L'histoire des dépôts du MSA est complexe. Juste avant la mise en place des dépôts correspondant à la phase M3, de larges blocs de brèche pouvant atteindre 3 m d'épaisseur semblent s'être détachés du plafond, créant un sol irrégulier. De nouvelles chutes de bloc ont affecté les dépôts MSA après la phase d'occupation M3, il y a environ 130 à 140 000 ans.
Les occupations humaines ultérieures ont généré une accumulation de débris sur et autour de ces blocs sur une épaisseur dépassant 2 m. La compaction a conduit les dépôts à draper les blocs, conduisant parfois à la formation de couches quasiment verticales. À proximité des parois latérales et du fond de la grotte, les dépôts du MSA se sont parfois contractés en laissant un espace comblé ensuite par des dépôts du LSA. Par endroit, de larges blocs ont glissé ou se sont fragmentés, causant des remaniements des dépôts sus-jacents. Malgré ces anomalies, l'essentiel des dépôts du MSA est demeuré in situ et n'est pas perturbé. Après avoir identifié les vestiges remaniés et écarté ceux provenant de zones susceptibles d'être contaminées par des niveaux plus récents, les archéologues estiment que plus de 95 % du matériel MSA mis au jour est digne de confiance.
Vestiges archéologiques
Les principaux marqueurs de la phase M1 sont de petites pointes foliacées bifaces caractéristiques de l'industrie Stillbay, finies ou abandonnées en cours de fabrication. Plus de 400 ont été conservées. La silcrète est le principal matériau utilisé et la source la plus proche se trouve à environ 30 km. La présence d'un nombre important de petits éclats indique que ces pièces ont été produites sur place. Certaines de ces pointes présentent des fractures particulières indiquant qu'elles ont été utilisées comme pointes de projectiles. Une étude expérimentale a montré que la finition de ces pointes foliacées avait été réalisée par retouche par pression, une technique qui n'était connue précédemment qu'à partir du Solutréen européen.
Plus de soixante perles ont également été mises au jour. Elles ont été confectionnées à partir de coquilles de gastéropodes de l'espèce Nassarius kraussianus, percées de façon à pouvoir être suspendues ou enfilées. Vingt-sept de ces perles pourraient provenir d'une même parure corporelle. Ces éléments de parure, étudiés par Francesco d'Errico et Marian Vanhaeren (CNRS), comptent parmi les plus anciens au monde. Les plus anciens éléments de parure connus auparavant dataient de 40 000 av. J.-C. et avaient été découverts en Turquie et au Kenya.



Source Wikipédia